Depuis le premier confinement, la demande pour les biens qui disposent d’une terrasse ou d’un jardin a connu une hausse sans précédent. Afin de préciser l’impact de cette tendance sur le marché niçois, nous avons recueilli les propos d’Annick Rolando, dirigeante de l’agence Immo-Terrasse, de Jean Girard, Directeur de Côte d’Azur Properties et de Stéphane Cuzzocréa, fondateur de l’enseigne ORPI Nice Transactions.
Spécialiste de la transaction et de la location depuis plus de 20 ans, Annick Rolando dirige l’agence Immo-Terrasse, établie au 54 rue de France.
« Comme l’indique le nom de notre agence, nous avons développé un savoir-faire reconnu sur le marché des biens disposant d’un espace extérieur, ce qui en fait notre spécialité et notre notoriété. Pour autant, notre emplacement de premier ordre à proximité immédiate de l’hôtel Négresco attire naturellement une clientèle cosmopolite dont le critère principal de recherche n’est pas forcément une terrasse, mais que nous avons à coeur de satisfaire. Désormais, les acquéreurs sont disposés à s’éloigner du centre-ville et à s’installer dans les collines pour obtenir un bien jouissant d’une pièce supplémentaire ou d’un espace extérieur. Ceci étant, l’offre s’avère largement inférieure à la demande, ce qui engendre une hausse des prix de l’ordre de 10 %, en moyenne. Provenant majoritairement d’Europe du Nord, la clientèle étrangère privilégie les biens situés dans le centre, à proximité de toutes les commodités et de la plage, tandis que les acquéreurs locaux qui cherchent un bien pour accueillir leur famille se dirigent volontiers vers les collines avoisinantes. Par ailleurs, nous assistons à une recrudescence de clients en provenance de Paris ou des villes du Nord, qui disposent de budgets très confortables. Ils recherchent des appartements en étage élevé, proches du centre et disposant obligatoirement d’une vaste terrasse. Aujourd’hui, la rareté d’un 3 ou 4 pièces, au dernier étage d’un immeuble de standing du Carré d’Or et avec une grande terrasse se négocie aux alentours du million d’euros. Sur le marché du neuf, nous commercialisons des programmes situés principalement hors du centre-ville, avec un ticket d’entrée voisin de 5 000 euros le mètre carré. »
Sous la direction de Jean Girard, les équipes de l’agence Côte d’Azur Properties interviennent essentiellement dans le secteur ouest de la ville, de Magnan jusqu’à Fabron. « La crise sanitaire a provoqué une prise de conscience. Auparavant, la priorité était donnée au travail. Aujourd’hui, les notions de bien-être et de proximité avec la nature sont devenues prépondérantes. Les acquéreurs affirment désormais leur volonté de résider dans un lieu ouvert sur l’extérieur. Or la hausse de la demande fait face à une offre rare. Mécaniquement, les propriétaires ont revu leurs prétentions à la hausse de 10 à 15 %. Les biens affichés à plus d’un million d’euros trouvent acquéreur parmi la clientèle parisienne, voire étrangère. Avec un tel budget, vous pouvez devenir propriétaire d’une maison située à une vingtaine de minutes du centre de Nice, avec un beau jardin et une piscine, voire une vue mer, mais cette dernière a un impact significatif sur le prix. Les clients locaux se dirigent vers des appartements 3 pièces affichés à moins de 500 000 euros. Les secteurs de Fabron et de la Lanterne s’avèrent prisés, car leurs immeubles relativement récents sont pourvus de profondes terrasses dominant la mer. Après la période troublée que nous venons de traverser, chacun veut se rapprocher de la nature et s’éloigner des nuisances sonores omniprésentes dans le centre des villes.
À cet égard, la colline de l’ouest de la ville constitue une destination de choix. Fondateur d’ORPI Nice Transactions, Stéphane Cuzzocréa dirige les trois agences de l’enseigne — Cessole, Saint-Roch et rue Lamartine — qui se consacrent à la location, la transaction et la gestion locative. « Depuis la crise sanitaire, les biens dépourvus d’extérieur sont délaissés. La vue dégagée, le petit espace vert ou la terrasse où l’on peut déjeuner constituent autant de critères de recherche devenus essentiels. L’offre est en baisse : les propriétaires qui disposent déjà d’un bien avec un extérieur le gardent. Du fait de leur superficie réduite, même les balcons sont jugés insuffisants. Sous l’action conjointe des confinements et de la réduction de l’offre, les prix des biens dotés d’un extérieur ont augmenté de 10 à 15 %. À cet égard, les quartiers qui offrent le plus de choix sont situés aux abords de la ville, à l’image de Pessicart et du mont Boron. Notre clientèle est essentiellement constituée d’actifs locaux, ainsi que d’acquéreurs en provenance des grandes villes de France. La plupart sont déjà propriétaires et profitent de la vente de leur bien pour accéder à un produit plus grand et, en l’occurrence, pourvu d’une terrasse ou d’un jardin. Par ailleurs, un nombre croissant de nos clients quittent leur appartement pour s’installer dans une maison de ville, souvent à Nice nord ou Nice est, à proximité des commerces de proximité. Avec un budget de 450 000 euros, ils ont accès à une maison de 3 à 4 pièces, jouissant d’un jardin de 100 à 200 mètres carrés. »