Trois spécialistes du marché azuréen décryptent la hausse marquée de la demande pour les villas sur le marché de la transaction : Filip Wretman, co-fondateur de Wretman Estate ; Tanguy Desmarchelier, Directeur des agences ORPI Riviera TS et Jean Bozec,à la tête de Sesam’ Immobilier. Échange croisé.
Fondée en 2006 par Johan et Filip Wretman, Wretman Estate est aujourd’hui la plus grande agence scandinave sur la Côte d’Azur. Forte d’une équipe de 50 agents – dont 36 qui interviennent de la frontière italienne jusqu’à Saint-Tropez – l’enseigne est spécialisée dans la transaction. «En 2021, à l’échelle nationale, plus de 1,2 million de transactions ont été réalisées, témoignant du dynamisme du marché dans un contexte de crise sanitaire. Cette résilience a été portée par le retour d’une part de la clientèle étrangère, ainsi que par l’afflux d’acquéreurs en provenance des grandes villes françaises et notamment de Paris. Incités par la démocratisation du télétravail à élargir le périmètre de leurs recherches, ils ont engendré une hausse significative de la demande pour les villas sur la Côte d’Azur. Ainsi, en 2021, notre agence du pays de Fayence a vendu 56 maisons – la plupart affichées entre 500 000 et 800 000 €. La majorité offre un niveau de prestation tout à fait correct, avec, parfois, une piscine ou une vue dégagée. Dans le périmètre de notre agence du centre, nous avons accueilli des acquéreurs parisiens en quête d’un pied-à-terre. Ils apprécient les facilités d’accès à la métropole en avion ou par le train, ainsi que l’agrément offert par le centre-ville. En l’espèce, les biens dépourvus d’espace extérieur s’avèrent sensiblement plus difficiles à vendre. Les propriétaires qui disposaient d’un balcon se sont dirigés vers un bien ayant une terrasse; ceux qui disposaient d’une terrasse ont opté pour un rez-de-jardin et les propriétaires d’un rez-de-jardin ont acheté une maison jouissant d’un terrain.»
Sous la direction de Tanguy Desmarchelier, ORPI Riviera TS Immobilier vient d’ouvrir une 4ème agence, située au 15 rue Masséna, qui se consacre également à l’ensemble des métiers de l’immobilier. «La récente et forte hausse de la demande pour les villas est sans doute imputable au changement de mentalité induit par la crise sanitaire. Les acquéreurs ont manifestement consenti certaines réductions de leurs loisirs et de leurs voyages, afin d’investir davantage dans leur résidence. À cet égard, les villas peuvent offrir un niveau de confort accru et des prestations plus qualitatives, telles que de plus vastes surfaces et la jouissance d’un jardin, voire d’un terrain. Cependant, l’offre s’avère de plus en plus rare, tandis que les prix augmentent. Dans les secteurs de Nice Ouest et des collines environnantes, les prix demeurent les plus accessibles, avec un ticket d’entrée proche de 500 000 €et donnant accès à une villa mitoyenne, située dans un lotissement. D’autres emplacements, tels que le mont Boron, affichent des tarifs sensiblement plus élevés et qui débutent à près d’un million d’euros. Compte tenu du nombre d’acquéreurs en quête de ce type de biens, les maisons affichant un prix en phase avec la réalité du marché trouvent preneur très rapidement. Actuellement, une maison située à Nice Ouest et proposée à 500 000 € se vend dans la semaine. Par ailleurs, la majorité des transactions que nous réalisons concerne des résidences principales, majoritairement acquises par des acquéreurs locaux.
Spécialiste de la transaction à Nice, l’agence Sésam’ Immobilier est dirigée par Jean Bozec, qui a fondé la structure en 1988. «Après la période d’hésitation consécutive au premier confinement, le volume de transaction a connu une augmentation qui s’est poursuivie en 2021. Du fait des restrictions de déplacement imposées aux étrangers, la période s’est avérée favorable pour les acquéreurs locaux. Ils ont orienté leurs recherches vers les biens dotés d’une terrasse et les villas jouissant d’un jardin. Néanmoins, l’offre demeure largement inférieure à la demande, imposant une tendance haussière sur les prix du marché niçois, de l’ordre de 2 %. Si la demande pour les villas a augmenté dans des proportions considérables, les produits, dans la ville, s’avèrent particulièrement rares. En outre, du fait de la rareté des terrains constructibles, l’offre n’est pas renouvelée. Il s’agit d’un marché de revente. En revanche, les communes de Falicon et d’Aspremont ont construit de nombreuses villas. L’essentiel de la demande concerne celles affichées entre 500 000 et 800 000 €. Ce budget donne accès à une maison jumelée de 2 ou 3 chambres, de 80 à 100 m2et avec un jardin d’une centaine de mètres carrés, telles que celles situées sur les collines de Nice. À partir de 800 000, les villas sont plus spacieuses et disposent d’un terrain plus vaste, qui peut accueillir une piscine. Au gré des prestations et de la qualité de l’environnement, les tarifs peuvent atteindre plusieurs millions d’euros, à l’image des hôtels particuliers situés à Cimiez ou au mont Boron.»