Fondée en 1956 par les aïeux de Charlotte Lafeuillade, l’agence Savi Esteve compte parmi les plus anciennes à Nice. L’enseigne se consacre à la gestion, la location et la transaction sur l’ensemble de la ville. Interview.
Vous fêtez la 65e année d’activité de l’entreprise. Quel est l’ADN de Savi Esteve ?
Mon arrière-grand-père a fondé l’agence en 1956, puis l’a transmise à ma grand-mère. J’en ai ensuite repris les rênes, car j’ai développé une véritable passion pour le métier de l’immobilier. Nous sommes une structure familiale et indépendante;unevéritableagencedequartier,ensomme. Parmi les 9 collaborateurs que compte l’entreprise, 3 font partie de ma famille. Au cours des deux dernières années, nous avons doublé la capacité de notre portefeuille de gestion, mais nous demeurons une entreprise à taille humaine, résolument attachée à la qualité des rapports que nous entretenons avec chacun de nos clients.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur le marché niçois ?
Les prix ont subi une légère augmentation, mais le marché, dans son ensemble, demeure stable. Cependant, le manque de biens à la vente se ressent de plus en plus. Les stocks s’épuisent, tandis que le nombre d’acquéreurs augmente. Bien que la clientèle étrangère ne constitue pas mon cœur de cible, j’observe qu’elle tarde à revenir. En revanche, les acquéreurs parisiens sont très présents et alimentent une demande déjà élevée, imputable aux acheteurs locaux.
Quelle est la typologie des biens les plus recherchés actuellement ?
Qu’ils soient professionnels ou amateurs, tous les investisseurs sont en quête d’un bien accessible à moins de 100 000 euros, au point de faire primer ce chiffre sur les caractéristiques du bien. C’est la perle rare, censée générer la meilleure rentabilité. À ce prix-là, les seuls produits disponibles sont des studios, qui se trouvent en particulier dans les quartiers nord et est de la ville. En revanche, s’ils sont situés dans les emplacements les plus exclusifs, tels que le Carré d’Or, ils requièrent d’importants travaux. Par ailleurs, les biens disposant d’une terrasse, d’un balcon ou d’un extérieur en rez-de-jardin suscitent toutes les convoitises.
Quels sont les quartiers les plus prisés, désormais ?
En matière d’emplacement, les valeurs sûres demeurent les mêmes. Au Carré d’Or s’ajoutent les secteurs de la Libération, des Musiciens, de Cimiez et de Fabron. Tous quartiers confondus, la rareté du bien détermine son prix. J’estime que la hausse des prix que nous connaissons aujourd’hui est de l’ordre de 3 %. Elle s’est consolidée durant les mois de février et mars 2021, mais ne concerne pas la seule ville de Nice. Le phénomène est national. On observe une forme d’attentisme de la part des propriétaires, car ils ignorent si, à l’issue de la vente de leur bien, ils trouveront un produit correspondant à leurs attentes ou un investissement plus rentable. Or cette tendance se vérifie également sur le marché de la location. Certains mois, parmi les 700 lots dont nous assurons la gestion, nous ne relevons que 2 vacations. Le turnover et les déménagements sont très rares, en ce moment.
Vous êtes adhérente au MLS Côte d’Azur. Quelle est la part de transactions que vous réalisez par le biais du mandat exclusif partagé ?
Environ 40 %. Si le marché se maintient dans l’état de tension actuel et avec un niveau de stock aussi bas, cette part est appelée à augmenter. Pour les acquéreurs comme pour les vendeurs, le mandat exclusif apporte un confort et une efficacité considérables : ils échangent avec un interlocuteur unique. Le vendeur confie son bien à une seule agence et bénéficie d’une vaste exposition auprès de plus de 500 agences adhérentes au MLS, tandis que l’acquéreur peut choisir parmi une large sélection de biens sans devoir s’adresser à plusieurs professionnels. En outre, le MLS apporte une visibilité qu’une agence seule ne peut pas offrir. Cela se traduit par des délais de vente bien plus courts. Pour que le partage de mandats exclusifs progresse encore — voire atteigne la totalité du marché, comme c’est le cas dans les pays scandinaves et les États-Unis — l’encadrement devra être renforcé, afin de garantir la compétence des nouveaux venus dans la profession.
Charlotte Lafeuillade directrice de l’agence Savi Esteve