Afin de dresser un état des lieux de ce marché particulièrement prisé par les acquéreurs français, nous avons recueilli les propos de Thomas Llacer, négociateur chez Borne & Delaunay, Denise Alata, directrice associée de l’agence ORPI Hélios Immobilier et Jean-Paul Sarr, gérant d’Apparté immobilierFace à l’engouement croissant que suscite l’arrière-pays niçois, nous donnons la parole à trois spécialistes du secteur : Alban Leloup, directeur de Masséna Immobilier, Marc Mesiano, responsable de l’agence Orpi GTI Vallée établie à Blausasc et Gilles Blanchon, à la tête de l’agence Century 21 Optimmo.
Négociateur au sein de l’agence Borne & Delaunay, Thomas Llacer relève que les appartements 3 pièces constituent l’essentiel des recherches de leur clientèle.
« Caractérisés par leurs façades agrémentées d’ornements et aux reliefs travaillés, les immeubles bourgeois abritent de vastes appartements, jouissant de près de trois mètres de hauteur sous plafond. La ville de Nice s’avère généreusement dotée, en matière d’immeubles bourgeois, y compris dans certains quartiers réputés populaires. Par conséquent, les prix varient sensiblement : aux environs de 4 000 €/m2 dans les rues proches de la gare, puis de 5 000 à 6 000 €/m2 dans le quartier des Musiciens, et de 7 000 à 8 000 €/m2, voire plus, dans le Carré d’Or. Il convient de noter qu’en majorité, la clientèle qui se tourne vers ce type de biens est française. Si les appartements bourgeois jouissent du charme de l’ancien et offrent une qualité de prestation exclusive, ils sont souvent dépourvus de grands espaces extérieurs, contrairement aux constructions contemporaines, lesquelles séduisent davantage les étrangers. Compte tenu de la rareté de l’offre, les appartements bourgeois trouvent acquéreur sous de très brefs délais. Ainsi, j’ai récemment vendu un bien situé dans le quartier des Musiciens, et un autre, rue de France, en seulement dix jours. Au cours des deux dernières années, nous avons relevé une hausse des prix de l’ordre de 6 à 7 %, ainsi que dans un palais la disparition des négociations. »
Directrice associée de l’agence ORPI Hélios, Denise Alata observe qu’à Nice, les appartements bourgeois se situent en majorité dans les quartiers du Carré d’Or, de la Libération, de Carabacel et de Cimiez.
« Les surfaces affichent un minimum de 75 m2 et vont de pair avec des volumes généreux, de belles hauteurs sous plafond et un charme préservé. Il convient de ne pas dénaturer le cachet de l’ancien par des rénovations contemporaines, telles que les dalles en ciment ou l’installation de faux plafonds visant à accueillir une climatisation centralisée réversible. Construits jusque dans les années 1920 — à compter de 1930, la tendance bascule vers l’Art déco —, les immeubles bourgeois évoquent les constructions haussmanniennes et disposent, idéalement, d’un ascenseur. Leurs appartements sont dotés de parquet massif en chêne et jouissent de pièces spacieuses, de vastes halls d’entrée et de surface pouvant dépasser 150 m2. S’ils varient sensiblement au gré des emplacements, les prix ont subi une hausse de l’ordre de 25 % au cours des 5 dernières années. Aujourd’hui, le ticket d’entrée se situe entre 7 000 et 8 000 €/m2. Pour un bien situé au dernier étage avec terrasse dans un immeuble ancien, le prix peut atteindre 12 000 €/m2. Pour ce type de biens, nous recevons des demandes d’acquéreurs locaux et en provenance d’autres régions. Les clients étrangers sont de retour et désireux de réinvestir le montant de la vente d’un autre bien. Ils disposent généralement d’un budget compris entre 900 000 et 1,5 million d’euros. À cet égard, nous recevons désormais de nombreuses demandes pour le boulevard Victor Hugo, prisé pour sa largeur et sa desserte par le tramway. »
Spécialiste de la transaction dans les Musiciens et le Carré d’Or, Jean-Paul Sarr dirige l’agence Aparté Immobilier.
« Bâtis à la fin des années 1800 et jusqu’en 1930, les immeubles bourgeois incarnaient à l’époque un signe de richesse extérieur. L’opulence de leurs occupants était signalée par la hauteur des plafonds, la qualité des parquets, la générosité des volumes et les dimensions avantageuses des halls d’entrée. Or, de 1910 à 1920, la ville de Nice a lancé un concours d’architecture, afin d’assécher les marécages et y ériger de beaux bâtiments, notamment dans le secteur qui est devenu celui des Musiciens. Aujourd’hui, le budget requis pour accéder à un appartement bourgeois est compris entre 5 000 et 8 000 €/m2, selon son emplacement, les travaux à réaliser, la qualité de l’immeuble et la vue dont il jouit. Actuellement, l’offre s’avère tellement restreinte que les prix ont subi une hausse de près de 5 % (minimum) au cours des six derniers mois. Dès qu’un appartement arrive sur le marché, il fait l’objet de plusieurs offres, au prix — par crainte de voir le bien leur échapper, les acquéreurs ne tentent plus de négocier. Les acquéreurs étrangers sont de retour, désormais, en particulier dans les Musiciens et le Carré d’Or, situé à proximité immédiate de la mer. À ce jour, près d’un tiers de notre clientèle est constituée de résidents extérieurs à la ville. Aujourd’hui, les appartements bourgeois connaissent un nouvel engouement, grâce, notamment, à la démocratisation du télétravail : les acquéreurs privilégient ces biens suffisamment spacieux pour accueillir toute la famille et qui disposent d’une pièce supplémentaire à usagede bureau. »
Denise Alata – ORPI HÉLIOS IMMOBILIER
Thomas Llacer – BORNE & DELAUNEY
Jean-Paul Sarr – APPARTÉ IMMOBILIER