Parmi les diagnostics immobiliers obligatoires, le diagnostic de performance énergétique (DPE) est au cœur des préoccupations. Pour les bailleurs, les acheteurs, les professionnels de l’immobilier mais surtout pour les diagnostiqueurs, extensions de l’État en matière de rénovation énergétique. Focus sur l’analyse de trois spécialistes.
Si vous faites partie des 71 % de français qui affirment ne rien savoir des nouvelles réformes liées au DPE, nous allons tenter d’y remédier. Tout commence en 2021, avec la loi climat et résilience qui vise à lutter contre le dérèglement climatique en France. Le DPE s’inscrit dans ce dispositif. Pour rappel, il permet d’estimer la consommation d’énergie et les taux d’émission de gaz à effet de serre d’un foyer en livrant un indice de performance allant de A à G. Il s’agit d’un critère de recherche incontournable pour les acquéreurs au même titre que l’emplacement. C’est aussi un élément primordial pour l’avenir du marché locatif.
Un calendrier à respecter.
Depuis le 1er janvier 2023, « les biens dont la consommation en énergie finale est supérieure à 450 kilowattheures par m2 et par an (chauffage, éclairage, eau chaude…) ne peuvent plus être loués » rappelle Rudy Persici. Plus encore, les logements les plus énergivores vont progressivement être interdits à la location, avec un retrait total du marché locatif de ces biens en 2028. « Dans le contexte écologique et économique actuel, il s’agit de cibler les passoires thermiques (indice F ou G) et de mettre l’accent sur les améliorations énergétiques nécessaires ». (Sébastien Jaussein). Rudy Persici nous alerte «Les DPE effectués avant 2017 sont désormais obsolètes. Depuis le début de l’année, nous accompagnons nos clients individuels et nos agences afin d’anticiper d’éventuels travaux». En effet, le 31 décembre 2023 constitue le dernier délai pour effectuer des DPE dans les grosses copropriétés. Peu importe le système de chauffage ou de refroidissement utilisé, tous les bâtiments ayant un permis de construire déposé avant le 1er janvier 2013 sont ciblés. Selon Matthias Wegener, ce calendrier «est tenable, sur le principe, si on a les moyens. Il faut avoir une approche vertueuse, économiquement intelligente et conseiller au mieux nos clients sur les travaux de rénovations énergétiques ». Face à ce calendrier « sévère mais compréhensible » (Sébastien Jaussein), les diagnostiqueurs sont sur la ligne de front.
Diagnostiqueur : fer de lance du DPE
Pour le président de la FNAIM : « Avec les évolutions réglementaires, ils sont devenus la pierre angulaire de la politique publique en matière de rénovation énergétique». Matthias Wegener l’atteste «Nous sommes le bras armé de l’État. Notre métier est mis en lumière en raison de la responsabilité accrue qui nous incombe. On passe d’un métier non opposable de contrôle et de conseil à un métier qui impose ou non le droit de louer ». Rudy Persici reste plus prudent «Pour moi, cela sous-entend que le travail peu minutieux d’un diagnostiqueur aura de plus amples conséquences qu’auparavant. Il est vrai que notre métier se complexifie. Néanmoins, la polyvalence ne doit pas excuser la défaillance. » Si le travail de diagnostiqueur est fait consciencieusement, l’écart entre deux expertises doit être minimum. Cette responsabilité qui pèse sur la profession nécessite un besoin de formation. N’oublions pas que la performance énergétique n’est pas leur seul domaine d’expertises : ils doivent également être compétents sur d’autres diagnostics (amiante, plomb, gaz, termites…). Pour répondre à ce besoin, Sébastien Jaussein a embauché un thermicien en interne. Le département DPE est particulièrement important et performant au sein des cabinets interrogé: ici, il représente plus d’un quart du chiffre d’affaires. «On fait notre maximum pour toujours s’adapter aux nouvelles exigences, se mettre à niveau et accompagner au mieux nos clients». Ils disposent par ailleurs de la certification OPQIBI (Organisme de qualification de l’Ingénierie).
Au service du bien commun
Au sein de VériDiag Expertises, Rudy Persici se voue depuis 2006 « à inciter les gens à faire évoluer le logement, à informer les propriétaires, à anticiper des travaux de rénovation énergétique ». Si en 2006 les préoccupations écologiques n’étaient pas sur le devant de la scène, elles le sont résolument en 2023. Pour les trois experts interrogés, la nécessité de mettre en place des PPPT (projets de plans pluriannuels de travaux) est de premier ordre. Sébastien Jaussein va même plus loin « Pour certains types de bâtiments, on est presque déjà en retard. Il faut prévenir dès maintenant les 10 années qui arrivent. ». S’il est probablement perfectible, le DPE reste le seul outil à disposition. «La plupart des gens l’envisage comme une contrainte. Mais si on le voit autrement, il peut être un axe de négociation pour un acquéreur voire un axe de valorisation d’un bien immobilier » (Matthias Wegener). Sébastien Jaussein nous invite également à voir le verre à moitié plein : « Il faut essayer de ne pas le voir comme une entrave mais plutôt comme un bienfait pour notre patrimoine niçois ».
Rudy PERSICI – VÉRIDIAG EXPERTISES
Mathias WEGENER – EX’IM AZUR
Jonathan JAUSSEIN – JAUSSEIN EXPERTISE