Directeur d’un cabinet d’expertise comptable à Nice, Benoît a récemment fait l’acquisition de locaux commerciaux sur plan à Saint-Isidore : une transaction qui s’est avérée riche d’enseignements.
Pour quelle raison avez-vous décidé d’acquérir de nouveaux locaux pour votre cabinet d’expertise comptable ?
Suite à l’achat du cabinet d’expertise comptable dans lequel je travaillais, mes collaborateurs et moi avons exercé dans des locaux loués pendant une dizaine d’années. Après avoir acheté un studio en VEFA (Vente en l’État Futur d’Avancement) et cette transaction s’étant conclue sans difficulté, j’ai cru que cette nouvelle acquisition se déroulerait facilement. J’ai alors envisagé diverses pistes telles que les maisons et les appartements à convertir en locaux professionnels, mais ces solutions ne s’avéraient pas vraiment fonctionnelles. Par ailleurs, je cherchais une surface minimale de 200m2, or de tels biens demeurent rares sur le marché niçois. Par conséquent, je me suis résolu à acquérir des locaux professionnels sur plan, lesquels étaient commercialisés avec des places de parking.
Comment s’est déroulée la transaction ?
J’ai validé le chantier en octobre 2016. Les locaux auraient dû m’être livrés en septembre 2019, mais le chantier a subi trois mois de retard. Le promoteur s’est retranché derrière diverses excuses peu crédibles : intempéries, débranchement du réseau GRDF alors que ce débranchement avait eu lieu avant le début du chantier, etc. Sur les trois lots que comptait le bien, deux m’ont été livrés sans le sol, les surfaces extérieures n’étaient pas finies, la climatisation n’était pas installée, certaines poignées de porte manquaient, etc. J’aurais dû refuser la livraison, mais j’étais contraint d’emménager rapidement pour reprendre mon activité. Face à mes réclamations, le promoteur m’a signifié que sa responsabilité ne serait pas engagée. J’ai consulté un avocat pour étudier mes options, mais la procédure en justice s’annonce longue et couteuse, pour un résultat incertain. Compte tenu du nombre de mauvaises surprises révélées par ce chantier, je risque néanmoins d’engager ce recours.
Avec le recul, quels points auriez-vous dû vérifier ?
Il convient de consigner par écrit la liste des éléments qui doivent être apportés à l’immeuble ainsi qu’à la partie privative. À titre d’exemple, l’état descriptif des sanitaires indiquait la présence d’un mitigeur. Donc d’un apport d’eau chaude. Or, l’immeuble dans lequel j’ai acheté mes locaux — qui sont situés au 5e étage — n’est équipé en eau chaude qu’a premier et au sixième étage. Par ailleurs, j’avais demandé au promoteur de pratiquer une ouverture dans l’un des murs intérieurs, demande qu’il a acceptée. Néanmoins, lors de la construction de ce mur, il a oublié de réaliser l’ouverture. Chacun de ces points a donné lieu à de nouvelles réclamations auprès du promoteur, mais il s’est déchargé de toute responsabilité au prétexte que je n’avais pas signé de devis modificatif. Il s’avère donc essentiel de consigner toute demande par écrit, car manifestement la parole donnée n’a aucune valeur pour certains promoteurs.
Quel a été le rôle de l’agent immobilier qui faisait le lien entre vous et le promoteur ?
Son rôle a consisté à percevoir une commission confortable pour ensuite m’expliquer qu’il ne disposait d’aucun pouvoir vis-à-vis du promoteur. Il me semble que si je m’étais adressé directement à un promoteur, j’aurais eu accès aux mêmes prestations. Depuis lors, j’ai eu l’occasion de travailler avec d’autres agents plus consciencieux. Manifestement, j’ai eu affaire à la fois à un promoteur et à un agent peu scrupuleux.
Quels conseils donnez-vous aux lecteurs d’Évidence Immobilière qui souhaitent acheter des locaux professionnels sur plans ?
Je les encourage à lire attentivement l’état descriptif de l’immeuble et de la partie privative, puis de consigner par écrit chaque point qui appelle une modification. Lors de la réception du bien, il convient de faire constater par un huissier l’état d’avancement des travaux afin de se couvrir en cas de recours. J’invite également les lecteurs à avoir recours à leur propre notaire et à ne pas confier le traitement des actes au seul notaire du promoteur. Cela permet de bénéficier d’une seconde lecture sans frais supplémentaires, dans la mesure où les honoraires sont alors partagés entre les deux notaires. Par ailleurs, je me félicite d’avoir fait appel à un prestataire que j’ai moi-même choisi pour réaliser l’agencement des locaux. Ce professionnel a conduit l’ensemble des travaux de façon satisfaisante et dans le respect des délais annoncés. Or cette prestation d’agencement m’a également été proposée par le promoteur — qui sait quelles surprises il m’aurait encore réservées? En définitive, mon expérience s’est avérée laborieuse, car j’ai été contraint d’emménager rapidement dans les locaux. Il aurait été préférable de refuser la livraison. Néanmoins, aujourd’hui, j’apprécie que mon entreprise et mes collaborateurs soient installés dans des locaux neufs qui nous offrent un cadre agréable et fonctionnel au quotidien.